Maplelawn

Histoire
Les murs du Jardin de Maplelawn :
historique et restauration
par Wayne Rutherford
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Il est fort probable que la première famille à habiter Maplelawn, les Thompson, ait importé d’Écosse l’idée d’entourer leur jardin d’un mur.  Mais, ils ont aussi pu s’inspirer de quelques exemples locaux c’est-à-dire d’impressionnantes maisons de pierre embellies de jardins emmurés tout aussi impressionnants, les jardins clos.

Les publications de jardinage de l’époque victorienne recommandaient d’emmurer près d’un acre de terrain – soit l’espace suffisant pour le jardin potager d’une famille bien nantie – mais Edwinna von Baeyer signale que les jardins clos « ne semblaient plus être entièrement dédiés aux légumes » dès le début des années 1900. Et nous savons que dès 1936, ce jardin clos en particulier était entièrement destiné aux plantes ornementales – et que le jardin potager avait été déplacé dans un espace à l’extérieur du mur Nord.

La majorité des historiens qui ont étudié le site Maplelawn s’entend pour dire que les murs ont été construits à la même époque que la maison, soit entre 1831 et 1834, bien que la première mention écrite des murs n’apparaisse qu’en 1841. À cette date cependant, on décrivait déjà l’ouvrage comme « …un élégant jardin entouré d’un mur de pierre et de chaux… ». Nous savons également que les pierres des murs proviennent d’une carrière toute proche située dans le champ situé à l’Est, à proximité des rails du Canadien Pacifique.

Les murs étaient encore en excellente condition au début des années 1900, selon un des fils Cole.  Cependant, au début des années 1950, lorsque la propriété venait d’être cédée aux soins de la Commission du district fédéral (le prédécesseur de la CCN), les murs avaient alors « grand besoin de réparations ». On recommandait, entre autres travaux, de refaire les joints de mortier et de recouvrir de ciment les pierres effritées, tout particulièrement celles dans la partie supérieure, et les pierres de couronnement. (pierres recouvrant le sommet du mur). L’examen de l’état des murs, en 1993, indique qu’une telle mesure a effectivement été prise.

Cement Facing
Photo : J. Zvonar   Surfaces en ciment, réparation des pierres

Au milieu des années 1960, on a considéré démolir les murs, spécialement le mur Sud parce qu’il était incliné de manière significative. Cependant, la recherche effectuée par von Baeyer nous révèle que Anthony Adamson, de la CCN, a écrit en 1966 : « … Je crois, puisque ce jardin est l’un des deux seuls survivants des jardins clos de l’époque du Haut-Canada, alors qu’ils étaient assez communs à l’époque, que ce serait une très grave erreur que de démolir les murs…  Le mur ne s’effondrait pas si le trottoir le bordant n’était pas deux pieds plus haut que le sol du jardin… Que ceux qui veulent démolir le mur aillent chez le diable! ».

Au début des années 1990, on accepta l’idée que des travaux importants devaient être exécutés afin de sauver les murs. La CCN entreprit la restauration laquelle s’est étendue sur une décade. Que les murs aient survécus aussi longtemps, sans réparations majeures, est un témoignage éloquent adressé à ses bâtisseurs – et aussi à son emplacement. On a décrit ce site, à l’origine, comme étant « une propriété rocailleuse recouverte d’arbres ». Étant donné l’approche assez rudimentaire utilisée au début des années 1800 pour construire les fondations des murs, on doit admettre que la solidité du sous-sol du site a lui aussi joué un rôle significatif.

 
East Wall
Photo: J. Zvonar   Végétation de hauteur excessive et effritement du mur Est

Le mur Est  [140 pieds/43 métres]

C’est en 1994 qu’a débuté la reconstruction majeure du mur Est.  Côté jardin, on retrouvait une végétation de hauteur excessive constituée de cèdres, d’épinettes, d’arbres fruitiers, de bosquets de lilas, et même d’érables provenant de graines transportées par le vent. À l’extérieur du mur, la végétation était également de hauteur excessive et de la terre recouvrait jusqu’à sa moitié le mur au coin Sud-Est. 

Depuis les années 1920, des travaux « d’amélioration des rues » avaient surélevé, par couches successives, le niveau de la rue Richmond qui longe le mur, surtout dans la portion Sud du mur. (La rue a une pente descendante jusqu’au niveau des fondations dans la portion Nord du mur.) En 1994, le mortier était en grande partie effrité, certaines parties ayant même été recouvertes de ciment, et des parties de pierres étaient tombées à plusieurs endroits.

L’effet combiné de plusieurs facteurs (âge, incrustation des racines, effritement du mortier dû à l’environnement humide créé par la surcroissance de la végétation) laissait présager qu’un désastre se préparait, spécialement pour la partie centrale du mur. Nancy E. M. Smith, une des co-fondatrices des Amis du jardin de Maplelawn, a fait remarquer qu’après l’opération de dégagement de l’excès de végétation près du mur, on s’interrogeait si le mur avait été jeté par terre ou s’il était tombé de lui-même.

La portion entre le centre et le coin Nord-Est a reçu une nouvelle fondation en ciment et a été reconstruite en grande partie en utilisant les anciennes pierres. On a aussi refait tous les joints en mortier du mur et replace les pierres de couronnement, en remplaçant celles qui le nécessitaient.

Mur Sud et porte [360 pieds/110 mètres]

L’état du mur Sud était considérablement préoccupant.  Le rue Richmond, depuis le tout début d’Ottawa, était l’une des trois principales rues. Cependant, ce n’est que lorsqu’on procéda à l’élargissement de la rue Richmond durant les 1920 que cela a commencé à avoir un impact sur la longévité du mur. Une bande de terrain herbeuse était encore visible après ces travaux de construction, mais le processus de relever le niveau de la rue avait déjà débuté à recouvrir les fondations du mur.

En 1966, un nouvel élargissement de la rue et la construction de trottoirs firent que le jardin se retrouvait à deux pieds sous le niveau de la rue. Un mesurage récent, en 2010, indique que cet écart de niveau a augmenté et serait en moyenne de trois pieds.

Il est évident que des murs de pierre (que ce soit d’une maison ou d’un jardin) ont très peu de résistance structurale sans contreforts.  L’inclinaison qu’on remarque dans le mur, et en particulier le renflement en son milieu à l’extrémité Est, atteste du problème fondamental du mur Sud. Par ailleurs, l’épandage de sel sur la rue l’hiver et le fait que les pierres de couronnement étaient (et sont encore) placées de façon irrégulière – ceci permettant à la glace de se former dans la partie intérieure du mur à certains endroits – ont probablement contribué aux dommages les plus visibles.  

La CCN entreprit la restauration du mur Sud au cours de l’hiver de 1997-98. Le tiers du mur, soit la portion Ouest s’étendant jusqu’à

 

 

L’information historique sur la période antérieure soit celle datant d’avant la restauration des murs, est tirée de la recherche originale et de la documentation colligée parmi les recherches antérieures sur le site dans l’ouvrage rédigé par Edwinna von Baeyer, Maplelawn 1817-1995 Landscape History. Préparé à la demande de la Commission de la capitale nationale en 1995, un nombre limité d’exemplaires furent imprimés. Cet ouvrage est archivé à Bibliothèque et archives Canada, et est disponible par prêt entre bibliothèques.

Le changement le plus dramatique à l’apparence visuelle de cette section se situe au niveau de la porte. À l’époque des Cole, une panneaux de contreplaqué qui recouvraient cette partie.  Cependant, au printemps de 1998, on a pu constater les mêmes résultats impressionnants que ceux de la restauration du mur Est en 1994.

South Wall
Photo: N.E.M. Smith   Mur Sud, détérioration de la rue

Le changement le plus dramatique à l’apparence visuelle de cette section se situe au niveau de la porte. À l’époque des Cole, une large porte double encadrée par deux colonnes de pierres, permettait un accès automobile à la propriété. Des portes pour les piétons plus étroites, étaient aménagées de chaque côté, et la partie inférieure du mur était recouverte d’une balustrade décorative en bois. Ces deux derniers éléments avaient disparu durant les dernières années de l’époque des Rochester, et ils n’ont pas été remplacés lorsque l’entrée a été restaurée.

Section jardin du mur Nord
[240 pieds / 73 mètres]

Parmi les trois murs qui enferment la portion jardin ornamental du site, le mur Nord est le seul dont la décrépitude est principalement et uniquement due à l’âge. Seulement quelques pierres s’en étaient détachées et la plupart étaient en bon état en 2002 lorsque la restauration a débuté. Cependant, les joints de mortier étaient excessivement effrités, tout particulièrement à l’extrémité Est.  Le mur était devenu l’habitat de colonies de souris et de tamias, lesquels avaient consciencieusement retiré le mortier effrité jusqu’à l’intérieur du mur.

Vu l’excellente condition des pierres, une approche différente a été utilisée pour reconstruire le tiers du mur dans sa partie Est. On a méticuleusement désassemblé, et numéroté les blocs. Puis, après que la nouvelle fondation ait été mise en place, les pierres ont été méthodiquement replacées à la même place afin de conserver la disposition d’origine aussi fidèlement que possible. De plus, tous les joints de mortier du mur ont été refaits - surtout ceux du tiers supérieur – et une couche de couronnement en ciment a été installée là où cela était nécessaire.

Quo Vadis?

L’objectif d’assurer la survie des murs pour les cent prochaines années est largement atteint.  Cependant, dans le cas du mur Sud, il faudra effectuer d’autres travaux pour s’assurer qu’un moyen plus efficace est mis en place pour réduire la pression exercée sur le mur et pour réduire les dommages causés par la vibration des camions et des autobus qui circulent. Le site de Maplelawn, y compris ses murs, a été reconnu comme lieu historique national en 1989.

Sources des photos : Lloyd Brown, Wayne Rutherford, N.E.M. Smith, et John Zvonar.
Photos historiques
: gracieusement fournies par la famille Rochester, les Archives de la ville d’Ottawa City
(reproductions disponibles).